Les refuges d’altitude : histoire et bonnes pratiques

Les refuges d’altitude -ou refuges de montagne comme on les appelle également- sont bien souvent le dernier abri avant le but ultime : une paroi, un sommet, un milieu plus hostile.
Bien loin du confort des grands hôtels ils n’ont pourtant rien à leur envier. Leur charme est avant tout authentique et convivial, et les milieux dans lesquels ils sont implantés appellent à la contemplation. Les refuges font partie intégrante de la vie de la montagne, dans ces lieux où l’Homme n’a à l’origine pas vocation à habiter.

A quoi sert un refuge ?

Le refuge de montagne est au départ destiné à protéger l’Homme de l’hostilité des éléments naturels, pour qu’il puisse s’y mettre à l’abri et échapper à un potentiel danger, dans des milieux naturels préservés de toute infrastructure et de toute habitation humaine. C’est très souvent le dernier point de sûreté avant de se lancer vers des éléments plus hostiles.

Situé en altitude et construit avec des matériaux naturels comme le bois ou la pierre, le refuge est à l’origine un simple abri, permettant à ses occupants le temps de leur passage de se mettre au sec, pouvoir y dormir à l’abri des intempéries et des animaux sauvages, et n’ont pas besoin de personnel pour fonctionner. C’est avant tout un abri avec une fonction d’intérêt général, et de ce fait ouvert au public à n’importe quel moment, en libre accès. Les couchages y sont collectifs, le confort sommaire et l’intimité n’est pas la priorité. L’accès se fait essentiellement à pieds ou à ski l’hiver.

Aujourd’hui, on compte aussi des refuges dits “gardés” avec du personnel pour entretenir et faire fonctionner le lieu, qui proposent bien souvent un confort amélioré et l’accès à des sanitaires, parfois même à de la restauration.

L’histoire des premiers refuges

Les premiers refuges apparaissent en même temps que l’invention de l’alpinisme et les premières ascensions. D’abord simplement érigés avec les matériaux trouvés sur place, puis ensuite acheminés à dos d’hommes ou d’animaux dans les emplacements les moins exposés aux risques naturels, ils laisseront plus tard place à des refuges plus aboutis et de vraies constructions, au confort toujours rudimentaire (type cabane de berger).

Le tout premier refuge de montagne en France est alors le refuge du Montenvers, à l’embouchure de la mer de glace près de Chamonix, construit en 1793. Viendront ensuite s’ajouter bien d’autres refuges au fur et à mesure que l’engouement pour l’alpinisme grandit, et d’autant plus au XXe siècle.

D’abord très rudimentaires (abris sous roche, pièces uniques faites de bois, maisons d’alpages) les refuges deviennent finalement des abris tout-en-un pour pouvoir y dormir, y cuisiner, manger, mais ne sont toujours pas gardés.

A partir de 1874 avec la création du Club alpin français, les refuges deviennent de plus importantes cabanes édifiées avec des matériaux de maçonnerie, et sur des emplacements stratégiques par rapport aux voies d’accès aux sommets en alpinisme. Leur utilisation devient alors plus fréquente, et le confort s’y améliore. On peut alors même s’y réchauffer grâce à un poêle à bois dans la pièce.

A la fin du XIXe siècle avec le développement des stations de tourisme et de villégiature dans les vallées, les premiers refuges chalets-hôtels apparaissent dans les sites de fort passage ou départs de courses d’alpinisme. Ils sont alors plus grands, peuvent accueillir plusieurs dizaines de personnes en couchettes, et offrent des espaces distincts : cuisine, salle à manger, dortoirs… désormais chapeautés par un gardien. Leur architecture est plus élaborée, et comporte même des étages. Les matériaux utilisés sont aussi plus industriels.

Les bonnes pratiques en refuge

Qu’il soit gardé ou non, le refuge d’altitude est un lieu de convivialité et de partage. Quelques règles de bonne conduite permettent de faire perdurer l’esprit authentique et convivial, et tout simplement l’existence du lieu.

  • Payer sa nuitée, même en refuge non gardé : pour que les bénévoles et la Fédération française des clubs alpins et de montagne puissent continuer à entretenir les refuges. Pour les refuges non gardés, on peut payer son séjour en envoyant un chèque au club gestionnaire associé à la FFCAM ou en réglant le montant indiqué dans le tronc prévu à cet effet au niveau du refuge.
  • Ne pas abuser des fournitures à disposition : le bois ou tout autre fourniture présente au refuge est à consommer avec modération, pour que les prochains occupants puissent également en profiter.
  • Eteindre le feu en partant : si un feu a été allumé, l’éteindre avant de quitter les lieux est primordial pour éviter tout incendie.
  • Respecter le sommeil et la tranquillité des autres occupants : les refuges ne sont pas des lieux de fête, bien qu’ils soient très conviviaux. Si d’autres occupants sont présents, il faudra respecter leur besoin de tranquillité le cas échéant. En revanche, partager un moment sympa est généralement bienvenu 🙂
  • Laisser les lieux propres : ranger son matériel, ne pas s’étaler pour laisser la place aux autres de s’installer, mais également faire un peu de ménage avant de quitter les lieux pour que les prochains arrivants soient accueillis dans les meilleures conditions possibles
  • Embarquer ses déchets ou les jeter dans les bacs prévus à cet effet, ne laisser aucune nourriture
  • S’éloigner pour faire ses besoins lorsqu’il n’y a pas de sanitaires, pour éviter les odeurs dérangeantes
  • Bien fermer la porte du refuge pour éviter les dégradations dues aux intempéries

Dans les refuges gardés, bien qu’il y ait du personnel pour entretenir les lieux au quotidien, le soin général apporté par chaque occupant est très important. La bienveillance de chacun est nécessaire. Dans les refuges non gardés, chaque personne qui le fréquente est finalement gardienne du lieu, lors de son passage.