Bivouac hivernal au cœur de la Laponie Suédoise

Michael, 33 ans, a exploré le Parc National du Sarek tout au nord de la Suède, en mars 2018 et il nous raconte comment s’organiser en bivouac hivernal.
Passionné de montagnes et des grands espaces, j’explore les terres polaires de notre planète afin d’y retrouver « l’art de vivre » dans un retour à l’essentiel. Après des expéditions en Islande, Laponie et Groenland, où j’ai pu acquérir une expérience certaine, le Pôle Sud sera un de mes prochains objectifs dans les années à venir. Commencera alors mon grand projet « 3 Pôles », consistant à atteindre le Pôle Nord, le Pôle Sud et le sommet de l’Everest.

A quoi faut-il s’attendre ?

Sans surprise, je vais vous dire que le Sarek, c’est de la neige, des glaciers, des paysages vierges à couper le souffle et bien sûr du froid. Et c’est bien de ce dernier dont il faut se méfier car les températures que vous rencontrerez seront rarement positives et vont vous demander de la rigueur.

Le matin, ce n’est pas facile de sortir de son sac de couchage, alors il faut le faire tout doucement, et ça, il faut y penser dès le moment que l’on installe le bivouac.

Durant les expéditions grand froid, il faut accepter de vivre au rythme de notre planète, et surtout à celui du soleil. C’est pour cela que lorsque le soleil disparait, on essaiera de se réfugier le plus vite possible dans son sac de couchage, pour en ressortir à son levé.

Voici un petit déroulé de mes journées lors de mes différentes expéditions que ce soit en Laponie ou au Groenland. Le soir, je m’imposais d’arrêter de marcher entre 15h et 16h afin de prendre le temps de choisir un emplacement idéal.
Mais qu’est qu’un emplacement idéal?
Tout dépend de la météo annoncée et du terrain dans lequel vous vous trouvez. Par exemple, un petit ilot au milieu d’un lac gelé peut être un très beau bivouac, mais en cas de vents forts, vous risquez de le regretter toute la nuit.

L’idéal est:

  • de trouver un emplacement qui prendra le soleil dans les premières lueurs du jour. Cela implique d’avoir moins de soleil le soir, mais c’est moins gênant.
  • évitez les cuvettes et petites dépressions afin de ne pas vous trouver dans le fond du congélateur.
  • avoir une protection naturelle contre le vent ou alors il faudra confectionner un mur de protection.
  • prendre en compte les dangers objectifs (avalanches, chutes de pierres…). Pour cela, ne pas faire de bivouac en bas de pentes trop raides ou au pied d’une falaise surtout en cas de vents. 
Une fois que l’on a trouvé un bon emplacement, on pose les pulkas et c’est maintenant qu’il faut s’organiser pour gagner du temps et profiter au mieux du temps qu’il vous reste pour discuter de votre journée au sein du groupe et du programme du lendemain. Le mieux est d’être deux par tente et que chacun s’attèle au même tache deux jours de suite afin que ça devienne une habitude et en même temps que chacun touche un peu à tout.

La première chose est de monter la tente. A deux, bien sûr. Si le vent est fort, mieux vaut s’y mettre à plusieurs afin de ne pas avoir de surprise.

Ensuite deux équipes par tente. Une personne s’occupe de tout ce qu’il faut à l’intérieur (tapis de sol, sacs de couchage, oreillers, lampes et s’occupe de creuser un trou dans l’abside afin d’y arranger les sacs à dos et coque de chaussures)

La deuxième s’occupe des aménagements extérieur (recouvrir les jupes de la tente, construire un mur de neige pour se protéger du vent, arranger et fixer les pulkas et matériel) et du plus important, faire fondre la neige pour remplir les 4 thermos du binôme. Certains disent que l’on peut le faire avant de monter la tente, mais d’expérience, dans 3 cas sur 5 on renverse la casserole en disposant la tente.

Si vous êtes à plus de deux par tente, il y a d’autres choses à faire pour le collectif comme les toilettes par exemple, ou si le beau temps est là, creuser un banc et une table pour partager le repas ensemble.

Le bivouac une fois installé, il est temps de manger une bonne ration lyophilisée et à prendre le temps de discuter et partager. Une expédition, c’est avant tout une aventure humaine. N’hésitez pas à agrémenter votre sachet 24h avec des petites surprises à partager (saucisson, sachet de bonbons…) ça fait toujours plaisir.
Une fois les rations hydratées, continuez à remplir les thermos et surtout, l’arme absolue contre le froid pour la nuit, la bouillotte que vous glisserez dans le sac de couchage en vérifiant que celle-ci est bien fermée (il ne faut pas que l’eau soit en ébullition pour éviter de se brûler).

Quand le soleil disparait, le froid devient vraiment intense et il est temps de se réfugier dans son sac de couchage. Mais il reste encore quelques petites choses à faire:
  • aller au petit coin, parce que le plus souvent c’est lorsque l’on est bien au chaud que l’envie survient.
  • enlever la neige des fixations de ski et des coque plastique avec une balayette.
  • dormez en sous-vêtements long mais garder dans le sac de couchage les affaires à sécher.
  • faites une petite pochette pour rassembler tout votre matériel électronique afin de le garder au chaud pour ne pas qu’il se décharge.
  • dormez avec des petits gants pour ne pas avoir froid aux mains lorsque qu’elles sont à l’extérieur.
  • garder les chaussons près de vous pour les avoir à porter de mains au réveil.
  • la bouteille « pipi » doit être à coté pour ne pas réveiller le voisin au cas où.
  • au besoin, mettez-vous au chaud avec votre doudoune le temps de vous réchauffez, mais ne vous endormez pas avec. Personnellement, je la retire avant de dormir et l’étale dans le sac de couchage pour la garder au chaud pour le lendemain matin.
Ensuite le réveil:
  • mettez de suite vos chaussons à l’intérieur de votre sac de couchage sans les enfiler.
  • Prenez le petit déjeuner encore blotti dans votre sac. Le but étant d’en sortir au dernier moment.
  • Si vous avez rempli correctement vos thermos, vous n’avez pas besoin de refaire fondre la neige. Lors de mes expéditions, je remplis mes thermos le soir, et si besoin, le midi. Le matin, c’est plus désagréable.
  • Pendant le petit-déjeuner, commencez à ouvrir petit à petit votre sac de couchage et mettez votre doudoune.
  • une fois terminé, rangez toutes vos affaires dans le sac de nuit et enfilé vos chaussons.
  • Il faut que tout le groupe soit synchronisé et rigoureux pour éviter que certains attendent dans le froid les éventuels retardataires.
  • Lorsque le binôme est prêt, il faut faire comme pour l’installation. Une personne sort à l’extérieur pour dégager la tente et rassembler les ancrages (piolets, ski, bâtons), et l’autre range l’intérieur et enlève la glace de l’intérieur avec une balayette.
  • puis on arrange les pulkas et c’est reparti pour l’aventure.
Pour faire les choses correctement et sans stress, il faut compter 2h entre le réveil et le départ à skis.

Voilà les quelques conseils que je peux vous donner en retour d’expérience. J’ai sûrement oublié certaines choses mais vous les découvrirez vous-même au fur et à mesure.
Mais n’oubliez pas que le plus important est de profiter du moment présent, en ces lieux magiques et en bonne compagnie.