Alpinisme : un rêve devenu réalité pour Marco

Voici l’histoire de Marco qui, poussé par ses envies d’explorations, de découvertes et de dépassement, s’est lancé en 2020 avec Explora Project, dans l’ascension d’un sommet de plus de 3500m d’altitude. Ce jeune trentenaire, qui n’avait pourtant aucune base ou connaissance en alpinisme, nous raconte comment il a eu la force de sauter le pas pour réaliser cette incroyable aventure !  
UN PREMIER PAS, PUIS LE SUIVANT
 » Certains défis nous semblent impossibles à réaliser. On se dit qu’il faut être né ici ou là, qu’il y a trop à apprendre, que c’est trop loin, ou que l’on a pas le matériel et la bonne condition physique. Autant être honnête, nous nous cherchons aussi beaucoup d’excuses. C’est tout à fait naturel parce que notre mental cherche à nous préserver des risques. Mais risquer, c’est aussi vivre ! Alors je crois que parfois, il faut juste se lancer. Faire simplement un premier pas, puis avoir l’audace de faire le second, et ne pas douter une seule seconde que l’on sera capable d’en faire un troisième. Ainsi, morceau par morceau, on arrive là où l’on veut aller.

J’allais bientôt faire l’ascension d’un glacier et je ne me doutais pas encore que j’allais faire une rencontre si marquante. »

Je commençais à avoir cette conviction profonde. En fait, je crois que je n’avais plus peur de rien. Je voulais me tester en plongeant dans un environnement qui m’était totalement inconnu. J’allais bientôt faire l’ascension d’un glacier et je ne me doutais pas encore que j’allais faire une rencontre si marquante. »

DEMAIN, JE PARS À L’AVENTURE ! 
 » Après quelques heures de train, j’arrive enfin à Sion, au sud-ouest de la Suisse. C’est drôle comme, en attendant sur ce banc, loin de chez moi, avec mon sac à dos et mes chaussures accrochées autour du cou, je me sens bien. Je passe la nuit dans un petit hôtel puis je repère un bus, tôt le matin.

La suisse est magnifique. Aujourd’hui, direction Arrola pour rejoindre Serge, notre guide, et le reste du groupe. Je regarde les montagnes enneigées à travers la vitre du bus. Le chauffeur semble connaître la montagne comme sa poche. »

Serge a le courage d’un combattant et le cœur d’un voyageur. Quel grand Monsieur !

 
SERGE ROETHELI, LE FOREST GUMP SUISSE 
 » Il est environ 10h00 quand nous nous retrouvons avec Serge Roetheli. Nous sommes tous à peu près du même âge, il y a Julie, Jean-Baptiste, et Louis. Après un premier tour de table, Serge nous explique son parcours. Il a 64 ans et les journaux l’ont surnommé le Forest Gump Suisse. Entre 2000 et 2005, il a couru près de 41 000 kilomètres dans le monde entier. 5 ans de course à pied, avec pour seule assistance, sa compagne qui le suivait en moto. 6 fois champion de boxe en Suisse, il a aussi traversé l’Atlantique à la rame et récolté des sommes considérables pour diverses associations. Serge a le courage d’un combattant et le coeur d’un voyageur. Quel grand Monsieur !

Il est temps de partir pour le refuge des bouquetins, à 2980m. Serge ouvre nos sacs : « Ca c’est pas utile, ça tu n’as pas besoin, allez les jeunes vous me videz un quart de votre sac ! ». En effet, nous allons avoir besoin d’embarquer du matériel. Des crampons, un baudrier, un piolet, tout ce qu’il faut pour manger et avoir chaud. Nous entamons l’ascension sous le soleil, les raquettes au pied. 

Nous nous motivons mutuellement, le succès de cette ascension est dépendant de chacun de nous. »

Plus nous nous éloignons du village d’Arolla, plus la pureté nous envahit. Personne n’est passé sur cette neige avant nous ces derniers jours. L’air est frais et le silence est d’or. Petit à petit, nous prenons tous le même rythme, chacun prenant soin de faciliter un peu plus le chemin du suivant. Comme pour une équipe de cyclistes, une partie de notre énergie se partage avec les autres. Nous nous motivons mutuellement, le succès de cette ascension est dépendant de chacun de nous. »

UNE NUIT DANS UNE CABANE AU MILIEU DES MONTAGNES 
 » Nous arrivons au refuge quelques heures plus tard. Après avoir déposé nos sacs, nous prenons une minute pour découvrir cet endroit incroyable. Nous sommes perchés sur un relief, entouré d’une chaîne de montagnes. Nous sommes sur le phare qui surplombe la mer de glace. Le vent dessine les vagues mais celles-ci ne bougent pas. Un peu plus haut, Serge nous montre là où nous irons demain. Nous avons beaucoup de chance, la météo est idéale.

Dans le refuge, nous apprenons les rudiments d’un tout autre confort. Ici pas d’eau, pas d’électricité. Il nous faut allumer un feu, et fondre de la neige. C’est réconfortant de sentir la chaleur se répandre autour de nous. On ne manque pas de place et les couchettes sont confortables. Ici et là, des condiments, un peu de café, et des objets du quotidien laissés par les précédents. On se met à l’aise, on échange nos impressions, puis on apprend à se connaître un peu plus, tout en partageant un repas et du thé chaud. Le sommeil nous guette. Le silence gagne le refuge paisiblement. » 
EN ROUTE VERS LE MONT BRÛLÉ
« Le jour se lève, Serge est déjà en pleine effervescence. Chacun se prépare selon ses consignes,  et nous remettons un peu d’ordre dans le refuge. D’ici quelques heures, nous serons au sommet du Mont Brûlé à 3585m. Nous n’emmenons que le strict nécessaire : du pain, du fromage, et des crampons. De quoi profiter d’un bon moment dans un lieu privilégié.

Je respire intensément et les derniers pas sont épuisants. Mais hors de question que je m’arrête !

Nos avançons les uns derrière les autres, Serge nous propose d’alterner pour ouvrir la route. Le premier de cordée a la responsabilité de tracer le meilleur chemin. Parfois il vaut mieux tracer un arc de cercle pour contourner une cuvette plutôt que de couper droit et augmenter la quantité de dénivelé. C’est aussi la position la plus éprouvante, parce qu’il revient au premier de creuser la neige.

Même s’il s’agit d’une altitude relativement raisonnable, je sens l’essoufflement me gagner. J’ai beau avoir un bon cardio, je sens que je n’ai pas autant de globule rouge qu’un montagnard. Je respire intensément et les derniers pas sont épuisants. Mais hors de question que je m’arrête ! Encore un pas, encore un, encore un. « Et nous y voilà ! » dit Serge en sortant de son sac un couteau et un morceau de fromage.

Au milieu de ces montagnes, on se sent à la fois insignifiant et important. Ca y est je l’ai fait ! Mon premier glacier !

La vue est incroyable ! Tout autour de nous, une quantité innombrable de pics enneigés. Le ciel est d’un bleu intense et se reflète dans les zones de glaces qui scintillent. La seule trace de vie que nous observons, c’est le sillon que nous avons laissé dans la neige et le refuge en contrebas, d’où s’échappe une légère colonne de fumée. J’ai l’impression d’avoir une vue illimitée qui s’étend sur toutes les Alpes. Par là l’Italie, ici la Suisse, et de ce côté la France. Au milieu de ces montagnes, on se sent à la fois insignifiant et important. Ca y est je l’ai fait ! Mon premier glacier ! »

QUE NOTRE TERRE EST BELLE !
« Que notre Terre est belle ! Je redescend un peu sonné, la tête dans les nuages. Il y a un réel sentiment de joie qui nous anime. Je ne voudrais pas être ailleurs qu’ici. Nous prenons le temps d’une courte sieste au soleil, directement allongé dans la neige. Il s’agit simplement profiter de ce moment privilégié. Quand on y pense, il a fallut tellement d’évènements pour que nous nous retrouvions là, ensemble, à cet endroit. La vie nous fait ce cadeau, savourons le !

Nous passerons notre dernière soirée à partager un repas qui a, ici, une toute autre saveur. C’est la fameuse fondue suisse. Nous la dégustons autour d’un feu de bois en nous racontant nos vies. Nous rions et nous écoutons avec beaucoup de plaisir les histoires de Serge, l’aventurier qui a fait le tour du monde. »

Marco

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